Dans le monde du sport, la recherche de la performance ne doit jamais faire oublier la priorité absolue : la santé et la sécurité des pratiquants. De nombreux sports, qu’ils soient collectifs ou individuels, ont vu leurs règlements évoluer afin de limiter les risques de blessures parfois graves. Ces changements, qui peuvent concerner l’équipement, la durée du match ou encore la réglementation des contacts, ont pour objectif de garantir à la fois la compétitivité et la protection des athlètes.
Dans la plupart des sports, la protection de l’intégrité physique des pratiquants est une priorité. De nombreuses fédérations ont déjà fait évoluer leurs règlements pour supprimer ou encadrer strictement les gestes et techniques pouvant engendrer des traumatismes majeurs (coups dangereux, chutes sur des zones sensibles du corps, etc.). Le Wushu, comme tous les arts martiaux, devrait lui aussi veiller à préserver la santé de ses adeptes en réévaluant les techniques qui exposent particulièrement à des blessures graves ou à des séquelles à long terme.
Les sports de haut niveau exigent des entraînements intensifs et poussent souvent les athlètes à repousser leurs limites. Protéger les pratiquants, c’est d’abord leur permettre de poursuivre leur carrière le plus longtemps possible et d’éviter des séquelles à long terme (douleurs chroniques, commotions cérébrales, usure prématurée des articulations, etc.). L’adaptation des règles a donc un rôle fondamental pour limiter les gestes dangereux et encourager un cadre de pratique sain et sécurisé.
La Fédération Anglaise de Rugby (RFU) a annoncé qu’à partir du 1er juillet 2023, les plaquages ne seront autorisés que de la taille vers le bas dans les matchs amateurs. Cette décision vise à réduire les risques de blessures à la tête et de commotions cérébrales.
La NFL a interdit le “horse-collar tackle”, une technique de plaquage dangereuse qui consistait à tirer le joueur par le col du maillot. Cette interdiction a été mise en place en 2004 après que plusieurs joueurs ont été blessés par cette technique.
En 2024, la NFL a banni les plaquages avec “hip-drop”, une technique jugée dangereuse.
Suite à une blessure grave subie par Mark Howe en 1980, la conception des buts de hockey a été modifiée pour éliminer le support central métallique pointu.
La NHL envisage de rendre obligatoire le port de protège-cou suite à un incident tragique impliquant Adam Johnson.
Augmentation de la hauteur des barres asymétriques : La Fédération Internationale de Gymnastique (FIG) a validé une augmentation de 5 cm de la hauteur des barres asymétriques. La barre inférieure est désormais fixée à 1,75 m et la barre supérieure à 2,55 m. Cette règle est entrée en vigueur le 1er février 2022.
Utilisation de tapis de sécurité supplémentaires : Pour assurer la sécurité des jeunes gymnastes, un sur-tapis de sécurité de 5 cm est recommandé jusqu’à l’âge de 13 ans.
Temps de récupération après une chute : Les gymnastes disposent de 30 secondes aux barres ou 10 secondes à la poutre pour remonter sur l’agrès après une chute.
Modification de la hauteur des agrès : L’augmentation de 5 cm de la hauteur des barres est autorisée en compétition pour les gymnastes dont les pieds touchent le tapis pendant l’exercice, sous réserve d’une annonce préalable.
Règles de sécurité pendant l’entraînement : Les entraîneurs sont encouragés à quantifier le stress mécanique imposé aux athlètes, à intégrer des exercices de prévention des blessures, et à effectuer un bon échauffement.
Campagne de sensibilisation : La FIG a lancé une campagne intitulée “Les 10 règles d’or de la gymnastique” pour sensibiliser aux pratiques de sécurité dans tous les sports de gymnastique.
Adaptation du matériel : Les clubs sont encouragés à adapter leur matériel d’entraînement et de compétition pour se conformer aux nouvelles normes de sécurité.
Bien que de nombreuses techniques posent des problèmes de santé pour les pratiquants de Taolu, concentrons-nous sur les réceptions en écart antéro-postérieur (Dié shu cha, quédi long), qui consistent en réalité en une réception sur le coccyx.
Position du coccyx
Le coccyx est situé tout en bas de la colonne vertébrale et constitue le vestige de notre « queue » (d’où son nom parfois associé à un « os de la queue »).
Son extrémité est peu protégée, dépourvue d’une masse musculaire importante et sans amortisseur naturel comme pour d’autres articulations (genoux, hanches…).
Risques et conséquences d’un choc direct
Fractures ou microfractures : un choc violent sur le coccyx peut entraîner une fracture, douloureuse et parfois difficile à soigner (position assise douloureuse sur la durée, difficulté à pratiquer une activité physique).
Douleurs chroniques : la contusion du coccyx ou de la zone sacrée peut provoquer des douleurs persistantes (coccydynie), pouvant se prolonger plusieurs mois, voire devenir chroniques.
Complications neurologiques (plus rares) : dans des cas extrêmes, des contusions de la moelle épinière ou des racines nerveuses peuvent survenir, engendrant des troubles allant de la sciatique à la perte de sensation.
Coût orthopédique
Les traumatismes dus à ces chutes à répétition peuvent être cumulatifs et s’aggraver avec le temps.
Les praticiens spécialisés (médecins du sport, kinésithérapeutes, ostéopathes) constatent souvent l’impact négatif sur l’équilibre postural, la mobilité du bassin et, à terme, la santé globale du dos.
Prioriser la santé à long terme des pratiquants
Aucune performance sportive ou démonstration de technique ne justifie un risque élevé de blessure grave et durable.
Les fédérations sportives et les écoles d’arts martiaux ont la responsabilité de préserver l’avenir des sportifs, surtout des plus jeunes.
Propositions concrètes pour le Wushu
Il paraît intuitif que les chocs répétés sur le coccyx présentent un risque majeur. Toutefois, dans le cadre de l’élaboration de règles sportives, il est souvent nécessaire de disposer de données objectives pour convaincre les instances décisionnaires. Une étude scientifique, même courte ou basée sur des retours cliniques (cas cliniques, rapports médicaux), permet :
De quantifier la gravité et la fréquence des blessures
Combien de fractures ou de coccydynies chroniques surviennent chaque année parmi les pratiquants ?
À quel âge ces blessures sont-elles le plus fréquentes ?
D’argumenter auprès des fédérations
Les responsables de disciplines sportives sont sensibles aux chiffres et aux statistiques.
Présenter un rapport concis sur l’augmentation des coûts de soin ou sur l’absence à l’entraînement à cause des blessures est souvent plus convaincant qu’une simple affirmation, même logique.
D’assurer un suivi médical approprié
Si le risque est démontré, les pratiquants peuvent être mieux informés et surveillés.
Danger avéré : Se réceptionner sur le coccyx est un risque majeur, susceptible d’entraîner des blessures douloureuses et invalidantes.
Adaptation nécessaire : Il appartient aux écoles et aux fédérations de Wushu de faire évoluer leurs règlements ou leurs programmes d’entraînement pour réduire les risques inutiles.
Sensibilisation des pratiquants : Informer, dès le plus jeune âge, des dangers liés à certaines figures et encourager une pratique axée sur la sécurité et la santé à long terme.
En fin de compte, il s’agit d’un choix de société sportive : privilégier la performance pure, même quand elle comporte des risques évidents, ou aménager les disciplines pour préserver la santé de ceux qui les pratiquent. La plupart des fédérations optent (heureusement) pour la seconde voie, car le bien-être des athlètes et la pérennité d’une discipline passent inévitablement par une pratique sûre et responsable.
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